FIASCO – une série qui mérite ses critiques ?

Affiche FIASCO - série Netflix par Igor Gotesman et Pierre Niney

Si vous vous êtes connectés sur les réseaux sociaux ces derniers mois, vous n’avez pas pu manquer son lancement, les acteurs ayant littéralement enchainé un marathon promo dans les divers médias. Vous l’aurez compris, on s’attaque aujourd’hui à la très attendue série FIASCO, réalisée par Igor Gotesman et co-écrite par Pierre Niney, disponible depuis ce 30 Avril sur Netflix.

FIASCO, LA SÉRIE EN QUELQUES MOTS

Le pitch est simple : Raphaël Valande (interprété par Pierre Niney), est un jeune réalisateur qui débute le tournage de son premier film, hommage à sa grand-mère, fierté familiale car figure de la Résistance. Alors que l’on découvre un personnage profondément mal à l’aise, multipliant les bourdes et les interventions déplacées avec son équipe, les déconvenues s’enchaînent sur le plateau jusqu’à ce que le tournage tourne au véritable fiasco.

C’est donc cette plongée au enfer que nous suivons tout du long de cette courte mini-série de 7 épisodes (30 à 45 min chacun). Tout s’enchaîne très vite, le récit ne laisse pas de place à la contemplation : le rythme est incisif et les situations s’enchainent à une vitesse qui ne laisse pas le temps à un « je cherche un truc à boire mais mets pas pause t’inquiète ». Les amateurs de binge-watching pourront même faire tenir le tout en une soirée !

Ici, pas de flashback ou d’histoire croisée (à l’instar du film que Raphaël tente de réaliser) – l’histoire est linéaire et plutôt limpide. Le scénario est donc pensé pour être simple & efficace, certainement pour apporter un terreau propice aux improvisations et libertés de jeu qui ont pu faire le succès du casting principal.

Dans cette fiction qui adopte un style « vidéo backtage », ou « faux-reportage », la présence des caméras fait partie intégrante de la réalisation, avec des interactions régulières entre les acteurs et les cadreurs (non sans rappeler « The Office« ), ainsi que de fausses interviews au service du concept. Pour les habitués de Netflix, on ressent les clins d’œil assumés aux nombreux programmes documentaires disponibles sur la plateforme, qui intègrent ces même codes de réalisation.

Le personnage du maladroit réalisateur Raphaël Valande est interprété par Pierre Niney.
Le personnage du réalisateur maladroit Raphaël Valande est interprété par Pierre Niney. © Netflix

CE QUI FONCTIONNE

Lorsqu’on lance Fiasco et qu’on aperçoit la distribution, on ne peut s’empêcher de penser au film « Five« , sorti 5 ans plus tôt, ou encore aux comédies comme « Tout ce qui brille« . C’est justement ce qui représente une des valeurs sûres de la série : la mécanique de comédie déjantée est un format qui assure des passes d’armes réconfortantes entre Pierre Niney & François Civil. Ils sont rejoints par les habitués du genre, Geraldine Nakache et Pascal Demolon, qui avec leurs personnages délirants, complètent aisément ce joyeux tableau.

Bref, n’ayons pas honte de le dire : on rit, on se fend même franchement la poire par moments. Oui, on a parfois l’impression de déjà vu, oui, certaines vannes peuvent sentir le réchauffé et oui, on a encore Pierre Niney dans le personnage du gentil maladroit, mais la promesse est tenue : l’objectif comique est atteint.

Dans ce sens, certains critiqueront une certaine forme de fan-service, avec des rôles taillés sur-mesure pour des acteurs qui ne sortent pas de leur zone de confort, mais pourquoi s’en priver, si cela est pleinement assumé et que le public autant que le casting retrouvent à leur manière leur madeleine de Proust ?

On notera également qu’on appréciera le jeu plus contrasté de Leslie Medina et de Juliette Gasquet, qui jouent respectivement Ingrid (le rôle principal du film de Raphaël) et une stagiaire de production. Avec des personnages plus posés et ancrés dans le réel, on évite le décrochage complet lors de certaines scènes qui auraient simplement pu partir dans la surenchère absurde.

Tournage de la scène des vikings dans la série Fiasco
Plusieurs séquence mêlent l’absurde et le déjanté, comme la scène ou Raphaël et « Barthabé » doivent se donner la réplique en Vikings. © Netflix

CE QU’ON AURAIT PEUT-ÊTRE AIMÉ

Vous l’aurez compris, on n’a pas boudé notre plaisir lors du visionnage; pour autant, on pourra tout de même noter quelques petits points que l’on aurait apprécié avoir vu retravaillés.  Comme on ne s’appelle pas Le Figaro ou Le Nouvel Obs, on va essayer de vous faire tenir ça en quelques bullet-point plutôt que de nous étaler dans une critique « méta arrogante et pachydermique » (sic).

  • Un peu plus de profondeur aux personnages : on le sait, bien loin des drames et thriller, les rôles dans les comédies sont avant tout utilitaires, ils sont ici même des carricatures assumées. Dans une micro-série, un peu à la manière de sketchs qui s’enchainent, le soucis d’efficacité semble donc primer. Pour autant, on peine à s’attacher et à ressentir une quelconque empathie, même auprès aux personnages principaux. On aimerait peut-être en savoir un peu plus sur ce qui les anime profondément, sur ce qui les a construit et sur ce qui définit leurs traits de caractères pour vibrer un peu plus fort.
  • Peu d’utilisation de la bande son : c’est peut-être ici un avis très personnel. On retrouve bien sûr une utilisation des musiques sur les scènes dynamiques et en accompagnement discret tout du long des épisodes, mais on ne ressent pas de réelle association image-son… Dommage, car c’est aussi ce qui participe à la construction de scènes cultes, et Fiasco ne laisse pas de souvenir impérissable dans ce sens !
  • Disparition parfois abrupte et peu cohérente de certains personnages : Où est passé la cheffe cascadeuse québécoise à partir de l’épisode 3 (licenciée…) ? Pourquoi de nombreux membres du tournage ne semblent finalement pas présent lors de l’avant première du film alors que Raphaël tente de recueillir les signatures de toute l’équipe ? Comment le remplacement de Robin Jacomet (Vincent Cassel) par Raphaël devait s’expliquer lors du tournage ?.. Bref, certains personnages apparaissent et disparaissent au fil de la série, en emportant avec eux certaines interrogations.
« Robin Jacomet », acteur vedette interprété par Vincent Cassel, disparait purement et simplement du récit à partir de l’épisode 3. © Thibault Grabherr/Netflix

 

Si vous faites partie des rares courageux encore en train de lire ce dernier paragraphe vous l’aurez compris, globalement : on a aimé ce FIASCO. Avec un rythme intense, des mécaniques comiques bien rodées et un casting français 5 étoiles,  le contrat était rempli d’avance. Et si vous n’êtes pas un réalisateur raté ou un critique cinéma usé par le film français, la promesse du rire devrait être tenue. Toutefois, si vous faites malheureusement partie de ces 2 dernières catégories, alors l’idole de Raphaël Valande vous le dira mieux que quiconque :

 

Article par Guilhem HOBLEA

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